14/-LE JARDIN PUBLIC
Orgueil de Rouïba et ajuste titre, notre jardin public faisait l'admiration de tous ses habitants et était jalousé des communes voisines.
D'une superficie de 10 hectares il fut créé dans les années 1930 sur une partie du communal. Il devait être pratiquement détruit entre 1942 et 1946 car durant cette période de guerre il servit tout simplement de lieu de casernement aux différentes armées stationnées à Rouïba ainsi que de camp de prisonniers.
Dès 1948 un jardinier floral, monsieur Vadel, eut pour mission de le remettre en état. Si la plupart des arbres purent être sauvés il fallut par contre recréer le jardin à la Française dans sa rigoureuse symétrie et restaurer la fontaine décorative et son chemin d'eau tout en l'améliorant. Deux bacs à sable pour les enfants furent installés au milieu de ce havre de verdure. Une roseraie fut plantée. Les rosiers grimpants s'étalaient sur une pergola à colonnes autour de laquelle étaient disposés de nombreux bancs de
même que dans les clairières aménagées. Une magnifique pelouse de gazon Ki Kouyou parsemée ça et là de massifs de rosiers nains aux roses écarlates, parfaitement entre¬tenue et abondamment arrosée dès les premières chaleurs, étalait sous les pieds des promeneurs son tapis vert.
En 1949, 2 cours de tennis vinrent compléter ce cadre enchanteur.
Dès 1951, l'éclairage fut installé. Ce qui posa quelques problèmes à la ville car certains garnements, dès la nuit tombée, faisait quelques cartons au lance-pierre sur les ampoules. A l'entrée du jardin une stèle à la mémoire de Joseph Gêner, ancien maire, fut inaugurée la même année.
Que de souvenirs évoque à tous Rouïbéens ce lieu de paradis qui, de promenades familiales à la recherche d'un peu de fraîcheur en ces fins de journées d'été si chaudes, qui de ces photos de famille, qui d'un baiser furtivement échangé à l'abri des regards indiscrets, paradis sacré où combien d'amours y sont nées et y ont trépassé tels ces éphémères, gracieux papillons, qui naissent au lever du jour et s'éteignent avant l'au¬rore. Ce jardin était aussi un lieu de nidification pour les chardonnerets, serin, verderons et pinsons. Qu'il était agréable lors de promenades d'entendre leurs joyeux gazouillis et d'admirer leurs couleurs étincelantes lors de leurs haltes sur les différents bosquets.
C'est avec les fleurs du jardin public que la municipalité fit réaliser une croix de Lorraine de 2 mètres de haut dans le V de la Victoire pour la venue du Général de Gaulle au forum d'Alger en mai 1958. C'est un commandant de l'armée suivi par une délégation de Rouïbéens qui livra cette gerbe au gouvernement général. Elle devait être accrochée au célèbre balcon.
Parler de Rouïba sans parler de son jardin public aurait été un sacrilège.
Actuellement le jardin se trouve malheureusement à l'abandon.
Avec l'autorisation de Mr Pierre CARATERO