Le thé et le café se querellent la première place
Las, s’en vont se plaindre devant un juge sage,
Respectable pour sa loyauté qui demande d’exposer :
Qui de nous deux est aimé, préféré et meilleur ?
Se plaignent amèrement irrités les deux liqueurs,
Moi, le thé, boisson douce couleur d’or, j’apporte plaisir
Aux distingués, aux riches et nobles de toutes les contrées.
Avec mon arôme fort et enivrant, je rends la santé
Où l’absinthe, la menthe verte et le gingembre fusionnent ;
Siroté par les nobles au milieu des jardins de fleurs et d’orangers,
Sous les jasmins à l’ombre des terrasses des palais.
Toi Café, couleur noire tu représentes le charbon
Tu n’es qu’une eau colorée sans valeur,
Châtié sous les feux du torréfacteur !
Assez, bondit le café horrifié ! Moi je suis le compagnon.
Le café et le thé, ô homme sensé, se présentèrent, un matin devant le juge.
«Juge respectable, lui dirent-ils, nous te considérons comme arbitre équitable, car tu es incorruptible : tu ne te laisses acheter ni ne fais rien à la légère. Grâce au Seigneur, tu jugeras avec succès (ce différend), Dieu t’a confié une partie de ses pouvoirs.»
Le juge répondit : «Je vous écoute, trêve de bavardage. Si vous avez quelque chose à dire, parlez sans inquiétude ; celui qui a raison l’emportera et, bien entendu, le perdant acceptera le verdict.»
Le thé s’adressa au juge : «Aujourd’hui, il est permis de me boire ; je n’ai rien de commun avec le vin ; je suis la boisson des hommes honorables ; je contiens une vertu contre toutes les maladies que je rencontre à l’intérieur du corps. Je dissipe douleur et tristesse.»