Rouïba était un village qui aimait s'amuser. Avant les événements d'Algérie les bals étaient nombreux et très prisés aussi bien par les jeunes que par les moins jeunes.
Chaque année 2 grandes fêtes foraines se déroulaient sur les places du village. La plus importante, la fête du village, avait lieu le premier dimanche d'Août. Sur la place de la mairie, clôturée pour l'occasion de barrières, se tenait le bal. Un kiosque pour J'orchestre était installé au centre. Sur les places du marché et de l'église ta fête foraine battait son plein. Manèges d'enfants, pousse-pousse, grande roue, autos tamponnantes, loteries, jeux d'adresse et de force, tira la carabine attiraient la grande foule. Certaines années il y eut même une table de jeu de casino, la boule en l'occurrence, installée près de l'église. Le centre du village ainsi que les places étaient richement décorés, pavoises et illuminés durant toute ïa semaine. Une certaine rivalité existait entre les communes
environnantes tout particulièrement Aïn-Taya et Fort de l'Eau ; c'était à qui aurait les plus belles décorations et le meilleur orchestre du moment,
Tous les soirs, du samedi au lundi, le bal battait son plein sur la place de la mairie. Une particularité : «Que ceux qui veulent s'assoir, apportent les chaises de chez eux.» Les plus, grands orchestres du moment de Windel à Pierre Pists vinrent faire danser rouïbéennes et rouïbéens. Le bal du samedi soir débutait par une cérémonie ; le maire accompagné de son conseil municipal et des différentes personnalités de la commune ouvrait officiellement les festivité au son de la Marseillaise.
En 1926 un incident vint endeuiller la fête. Le fils Ezaouï dont le père tenait un commerce de blinis et gâteaux orientaux à la gare après chez Réus fut terrassé devant l'orchestre d'une crise cardiaque en dansant le charleston.
Jusque dans les années 1950, le dimanche après-midi voyait s'affronter les jeunes du pays. Des années 1920 à 1930 à l'époque où le cheval était roi la course à l'oie était très prisée. Ce divertissement consistait à décapiter à l'aide d'un sabre de cavalerie le cou d'une oie préalablement tuée et pendue par les pattes à 3 mètres du sol et à cheval bien sûr. Messieurs François Réus, Laurent Sintès et Jean Mirallès participait à ces courses à motocyclette. L'autre grande attraction de ces jeux était le mât de cocagne soigneusement savonné. Deux versions existaient. La première consistait à décrocher les objets suspendus à son sommet quant à la seconde beaucoup plus spectaculaire, il s'agissait ds saisir une pièce de 100 sous soigneusement collée à la graisse ou au suif au fond d'une poêle, avec les dents évidemment.
Une autre distraction fit sensation : le jeu de massacre. Des marmites pouvant contenir aussi bien un cadeau que de l'eau ou de la suie étaient suspendues à environ 2 mètre du sol. A l'aide d'un manche de pioche les concurrents, les yeux bandés, devaient les casser. Le résultat était souvent loin d'être triste.
Parallèlement des concours de boules, belotte, une course à sac s'y déroulaient. En 1930 un gymkhana automobile fut même organisé.
Dans les années 1925-1930, le dimanche après-midi se déroulait dans les rues du village un défilé auquel participaient les différentes sociétés locales. Pour donner plus d'éclat à l'événement les musiques des environs étaient conviées dont celle de Fort de l'Eau et surtout les 2 sociétés d'Aïn-Taya qui étaient à couteaux tirés suite aux dernières élections communales. La première société fidèle au maire battu, monsieur Fabrer, avait été surnommée «Les Fabrices», la seconde toute dévouée au nouveau maire, Michel Sintès dit «Cacahuette», avait tout simplement été baptisée «les cacahuettes». Inutile de vous préciser que ça n'engendrait pas la tristesse.
Pour la fête du village de 1954 à 19561e dimanche après-midi sur la place de la mairie des jeux réservés aux enfants furent organisés. Le plus spectaculaire patronné par les pétroles Shell et couronné par la coupe Scratch se déroulait sur des voitures à pédales équipées à l'arrière d'un pétard. Il consistait à éliminer les concurrents en leur faisant éclater leur pétard. Ce jeu se déroulait en plusieurs manches par élimination vu le nombre de concurrentes et concurrents. Le vainqueur, en 1954, de la coupe tant convoitée fut Jean-Jacques Accens.
La fête des vendanges, le premier dimanche de septembre, se déroulait comme pour la fête du village.
Le dimanche après-midi une course cycliste avait lieu sur le circuit de Rouïba -Réghaïa - Aïn-Taya à couvrir 4 fois. L'élite cycliste régionale s'y affronta.
Avec l'autorisation de Mr Pierre CARATERO